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Cinq candidats réunis sur un plateau, trois heures de débat, quatre thèmes abordés… Moins d’un mois avant le congrès et le vote (1er-4 décembre) au cours duquel les adhérents du parti Les Républicains (LR) désigneront leur candidat à l’élection présidentielle, un premier débat entre les cinq postulants s’est tenu lundi 8 novembre, sur RTL et LCI. Trois autres sont programmés avant le 30 novembre, la veille du premier tour.
Pour ce premier débat, Michel Barnier, Xavier Bertrand, Eric Ciotti, Philippe Juvin et Valérie Pécresse ont débattu, assis, sur le pouvoir d’achat, l’immigration, la sécurité ou encore le candidat putatif d’extrême droite Eric Zemmour.
Xavier Bertrand s’en est pris d’emblée à Emmanuel Macron dans son propos liminaire, en critiquant « son échec » sur le nucléaire. Il a ainsi expliqué que sa première décision en tant que président de la République serait « d’ordonner au président d’EDF de lancer la construction de dix nouveaux réacteurs nucléaires », alors que selon lui, le chef de l’Etat actuel « a commis la faute de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim ». « Le président de la République est en charge de l’essentiel, de la souveraineté, de la sécurité, mais aussi de l’indépendance, a-t-il expliqué. Je veux stopper le déclin nucléaire de la France parce que c’est à la fois une façon de garantir pour les Français leur sécurité d’approvisionnement et de répondre aux exigences de transition énergétique. »
De son côté, le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti a fait savoir que sa première décision serait de « signer un décret de convocation pour un référendum au titre de l’article 11 pour modifier l’article 55, qui pose aujourd’hui la suprématie des traités européens, notamment sur le droit interne ». Pour Philippe Juvin également, sa première décision concernera l’Europe, en invitant à Paris « l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement européen » pour « mettre en place un nouveau traité et refonder l’Europe ». L’ancien « M. Brexit » de l’Union européenne (UE), Michel Barnier, souhaite, lui, dès son arrivée à l’Elysée, « faire un message à destination de nos soldats ».
Enfin, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, compte « déclarer un “jour des héros” qui font la France, le 10 novembre », et qui seront étudiés chaque année à l’école. « On étudiera, ce jour-là, la biographie et les rêves de nos grands hommes et de nos grandes femmes d’hier et d’aujourd’hui, de Vercingétorix à Marie Curie, des poilus de la Grande Guerre au colonel Arnaud Beltrame, de Pasteur aux soignants de la crise du Covid », a expliqué l’ancienne ministre de l’enseignement supérieur, souhaitant « donner à nos enfants des modèles, la repentance, ça suffit ».
Dans ce second thème, Valérie Pécresse a notamment répété son intention de supprimer 200 000 postes de fonctionnaires afin d’en « recréer 50 000 qui se chargeront des missions principales de l’Etat : protéger, éduquer et soigner ». « Je reprends toutes les réformes que la droite rêve de faire depuis dix ans et je dis que je les ferai », a-t-elle fait savoir, proposant notamment de reculer l’âge de départ à la retraite à 65 ans et de mener une nouvelle réforme de l’assurance chômage, « avec une vraie dégressivité pour toutes les personnes de moins de 50 ans qui gagnent jusqu’à deux smic ».
Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a lui aussi plaidé pour une suppression de postes de fonctionnaires. Selon lui, « notre pays peut fonctionner avec moins d’agents publics » car si les fonctionnaires travaillent « 39 heures par semaine, ce sera 200 000 fonctionnaires [en moins] ». L’ancien ministre du travail souhaite également « que les contractuels de droit public deviennent des contractuels de droit privé » et que davantage de fonctionnaires soient sur le terrain plutôt que « dans les ministères ».
« On ne fera pas la réforme de l’Etat contre les fonctionnaires, on la fera avec eux », a de son côté répliqué Michel Barnier, en critiquant les suppressions de postes annoncées par Mme Pécresse et M. Bertrand. « Derrière ces chiffres qu’on annonce, il y a des hommes et des femmes », a-t-il poursuivi.
« Il faut être franc, a répliqué Mme Pécresse. Tous ceux qui ne s’engagent pas à supprimer des postes ne le feront pas. On ne peut pas être le parti de la démagogie. » « Il faut simplement éviter, Valérie, de dire trop de choses avant et ne pas les faire après. C’est une simple précaution », a conclu M. Barnier dans cette première passe d’armes de la soirée.
Alors que la hausse des prix de l’énergie et du carburant a marqué cette rentrée, obligeant le gouvernement à mettre en place une « prime sur l’inflation » pour les Français dont le revenu est inférieur à 2 000 euros net, les candidats LR sont revenus sur leurs propositions à ce sujet. Xavier Bertrand a détaillé sa « prime au travail ». Il souhaite un complément de salaire à destination de ceux qui touchent moins de 2 000 euros, « pour que personne ne gagne moins de 1 500 euros net ».
M. Bertrand souhaite également le retour des heures supplémentaires défiscalisées au-delà de 35 heures et veut aussi « changer complètement notre système de participation et d’intéressement pour qu’on gagne davantage ». « Avec ces trois mesures, celui qui travaille va gagner plus, mais celui qui ne veut pas reprendre un emploi gagnera moins », estime-t-il.
Alors que Philippe Juvin propose une « baisse massive de 35 milliards des impôts de production », Michel Barnier va également dans ce sens en souhaitant « diminuer un peu plus les impôts de production qui plombent nos entreprises et qui créent une concurrence déloyale ». L’ancien commissaire européen propose aussi « une mesure d’allègement des charges, de 20 milliards d’euros, et une conférence sociale qui devra continuer à organiser le débat entre les syndicats et le patronat ».
Valérie Pécresse, elle, mise sur la baisse des « charges salariales retraite ». La présidente de l’Ile-de-France souhaite, avec cette mesure, une « augmentation du salaire net de 10 % » pour ceux allant jusqu’à 2,5 smic au cours du quinquennat à venir, en supprimant « progressivement » les cotisations retraite des feuilles de paie, qui seraient alors prises en charge par l’Etat.
Les cinq candidats ont ensuite débattu sur leurs réponses au réchauffement climatique. Les discussions ont notamment tourné autour des éoliennes. Xavier Bertrand a expliqué qu’il souhaite « lutter contre le développement anarchique de l’éolien ». « Pour passer aux voitures électriques, il nous faut passer de 40 000 à 100 000 bornes. Vous croyez que c’est avec ces satanées éoliennes qu’on va le faire ? a-t-il questionné. La France, ce sont des paysages, et on est en train de les massacrer. »
Valérie Pécresse, qui ambitionne une France « zéro carbone en 2050 », souhaite développer « le solaire, la méthanisation, l’hydrogène, et il faudra faire de l’éolien », a-t-elle fait savoir. Mais l’éolien se fera avec « l’assentiment des populations, car je veux préserver nos zones de pêche notamment », a plaidé la présidente de l’Ile-de-France. De son côté, Michel Barnier estime qu’il ne faut « pas d’éolien s’il n’y a pas d’accord local » et privilégie notamment le solaire.
Interrogé sur le « grand remplacement », théorie xénophobe popularisée par l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus et martelée par Eric Zemmour, le député Eric Ciotti a estimé que « s’il faut parler de “grand remplacement”, je parle de “remplacement” ». « Je veux abattre le politiquement correct, la situation est terriblement grave. J’ai aucun tabou à dire et à constater les choses », a-t-il ajouté. Il propose notamment « un permis à points migratoire », avec notamment la condition à remplir de parler français. Il plaide également pour « la priorité nationale pour mettre fin à l’aspirateur social qui fait de notre pays le plus généreux d’Europe ».
De son côté, Michel Barnier est revenu sur son moratoire sur l’immigration « de trois à cinq ans » et souhaite ouvrir des négociations avec « nos partenaires européens sur nos frontières, qui sont de véritables passoires, pour remettre à plat tout ce qui ne fonctionne pas ». Il s’avance aussi sur la diminution de moitié du nombre d’étudiants étrangers et conditionne « le regroupement familial à l’apprentissage du français et à la garantie de ressources supplémentaires ».
Valérie Pécresse plaide, elle, pour « pouvoir choisir qui doit rentrer » sur le territoire français. « Il faut prendre pays par pays et donner un nombre de visas annuels, a-t-elle expliqué souhaitant une loi constitutionnelle pour fixer des quotas. Dans mon système, si on est en querelle ou en rapport de force avec un pays, on peut dire qu’on donnera zéro visa. Zéro visa pour les étudiants, pour le regroupement familial, etc. » M. Bertrand prône aussi en faveur de la mise en place de quotas migratoires « comme le Canada ou l’Australie », mais souhaite, lui, la tenue d’un référendum pour interroger les Français à ce sujet.
Sur ce thème, la plupart des candidats sont d’accord pour prôner la création de plusieurs milliers de places de prisons dans les prochaines années. Michel Barnier souhaite 20 000 places supplémentaires, alors que Philippe Juvin affirme qu’il créera « 6 000 places de prison en préfabriqué ».
Le maire de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) s’est également prononcé contre « la détention provisoire pour les gens qui n’ont pas été jugés définitivement, sauf pour les peines criminelles et les questions délictuelles avec violence. On va avoir 10 à 15 % des places de prison qui vont se libérer ». Sur cette question des places de prisons, Xavier Bertrand souhaite « déléguer au privé le soin » de les construire, estimant que ça ira plus vite que ce qui est fait actuellement. L’ancien ministre de la santé est également revenu sur sa proposition de confier aux procureurs le soin de prononcer les sanctions pour les peines allant jusqu’à cinq ans de prison pour, là aussi, « agir plus rapidement ».
Plutôt que de créer de nouvelles places de prison, Mme Pécresse souhaite d’abord « travailler sur les délais judiciaires ». « Il faut une comparution immédiate pour tout flagrant délit », estime-t-elle. L’ancienne ministre propose notamment « que l’on crée des centres fermés pour majeurs et qu’on utilise le bracelet électronique, aujourd’hui dévoyé puisque les délinquants retournent dans leur cité avec leur bracelet. C’est la pire des peines pour les victimes et les habitants ».
En fin d’émission, les cinq candidats ont été interrogés sur le candidat putatif d’extrême droite Eric Zemmour. Pour Michel Barnier, « c’est un adversaire ». « Sa façon de lire l’histoire n’est pas la nôtre. On ne peut pas réconcilier les Français si on accroît les tensions, si on les distingue par leur origine ou leur couleur de peau, a-t-il poursuivi. Notre pays doit se réconcilier, ce n’est pas le langage que j’entends chez Eric Zemmour. » « On ne peut pas se réclamer du général de Gaulle et dire que Pétain a sauvé des juifs », a clamé, dans le même sens, Valérie Pécresse.
De son côté, Eric Ciotti, qui avait affirmé il y a quelques jours qu’entre « Eric Zemmour et Emmanuel Macron, il préfère Eric Zemmour », il a expliqué que le polémiste « est un concurrent, pas un ennemi ». « Il est évident qu’il y a un intérêt dans le pays pour Eric Zemmour. Il dresse un constat, que je ne nierai pas, sur le déclin du pays. Mais nous avons les solutions sur ce plateau pour sortir de ce constat, mais je n’ai pas entendu celles de Zemmour », a-t-il nuancé. Enfin, Xavier Bertrand pousse l’ancien journaliste à se déclarer au plus vite. « Quand on brigue la confiance des Français, il faut jouer la carte de la clarté et de la transparence », a-t-il expliqué.
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